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La frontière entre l'ordinaire et l'extraordinaire


Forêt jurassienne

La belle saison s'achève peu à peu et avec elle s'enfuit la léthargie dans laquelle la chaleur accablante m'avait plongé.

Je compte désormais les mois qui me séparent de cette période si cruciale dans ma quête qu'est celle du rut du Lynx. Janvier, février ou mars? Qui sait quand le félin débutera son incessante quête reproductrice.


Mais attendez une seconde... qu'advient-il de ce prédateur insaisissable en été?

Non, il ne s'évapore pas subitement jusqu'au prochain hiver et bien que les chances de croiser sa route soient minimes, elles ne restent pas moins réelles. J'ai voulu tenter l'expérience avec l'aide de mon cher ami Thibault, lorsqu'il n'est pas trop occupé à photographier les papillons.

Je plaisante et je suis par ailleurs ravi qu'il trouve son bonheur pendant ces sorties jurassiennes où pister le Lynx n'offre aucune garantie.

Alors quand seul l'espoir d'une rencontre improvisée nous reste, les regards se perdent et s'égarent vers d'autres objectifs. L'araignée verte (Micrommata virescens) à l’affût de sa proie, le jeune Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) qui explore son univers.

De biodiversité que l'on nomme "ordinaire" et moments intimes avec ces êtres qui nous sont familiers, nous entrons peu à peu dans le royaume de l'imprévisible. Chaque rencontre avec le vivant nous offre des surprises jusqu'à ce que l'ordinaire laisse place à l'inédit, ce que d'autres appelleraient rareté ou "remarquable".

Le discret Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) au bord de la rivière ou encore le chant flûté et l'observation furtive mais intense de la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum).

Notre route semble nous mener lentement en direction de l'inconcevable mais seuls les âmes les plus rêveuses osent l'imaginer.

Le silence est d'or dans cette forêt jurassienne et le premier indice que nous espérions tant est à nos pieds.

Il y a de cela une chose extraordinaire dans la vie d'un naturaliste, lui qui vit une passion qui offre de la joie à la vue d'un excrément.


Crotte de Lynx boréal

Il n'est pas tout récent c'est vrai. Mais il n'en reste pas moins un formidable outil de motivation dans une quête où chaque indice est précieux, rare, et se mérite.

Seulement voilà, les surprises ne s'arrêtent pas là et le clou du spectacle intervient lorsque nous découvrons, figée dans la boue fraîche, la trace du roi de la forêt. Lui qui se fait habituellement si discret et délicat n'a pas su éviter le piège boueux et laisse, pour quelques jours, une trace visible de son passage.


Trace de Lynx boréal

Si nos âmes se laissèrent gagner par le rêve, l'espoir d'un impossible face à face avec le fantôme, nous ne verrons pas le Lynx boréal aujourd'hui...

Une rencontre avec le seigneur des lieux demande de la patience et une petite part de chance. Nul doute que nous en joueront à l'avenir et que je vous conterai alors enfin le récit d'un regard croisé avec l’œil du Lynx.


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