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Retour en enfance à la sauce bugiste

Le printemps de cette année était pour moi un régal d'observations naturalistes et je suis un peu triste désormais qu'il soit déjà sur la fin...

Au mois de mai, il est presque vain d'espérer croiser le Lynx mais soyons rassurés, le pays bugiste regorge de trésors et d'histoires.


J'ai attendu jusque mi-mars avant de croiser enfin les premières orchidées, lesquelles sont, pour la plupart, déjà fanées !

Si je connais déjà bien le orchidées autour de chez moi, j'étais bien moins familier avec celles du Bugey.


Orages annoncés, je ne me suis pas levé de bonne heure comme j'en ai l'habitude lors de mes escapades au pays du félin mystérieux et il n'est pas utile, je pense, de vous exposer ma frustration lorsque, à mon réveil, je constate que le temps est radieux.

Peu importe, en cette saison de journée longues, il n'est pas trop tard pour une escapade.


Il est encore un peu tôt pour voir fleurir le superbe Sabot de vénus (Cypripedium calceolus), une orchidée peu banale qui occupe chez moi une place toute particulière puisque je ne vous mentirai pas si je vous disait que je dessinais cette plante avant même de savoir différencier une couleuvre d'une vipère. Ce qui, pour traduire, nous emmène assez loin dans le passé, lorsque je n'affichait pas plus de 10 ans au compteur.

Je me souviens d'étés à la montagne où je cherchais naïvement cette plante prestigieuse au cours de randonnées interminables mais toujours pleines de surprises. Mais le Sabot de vénus est hélas bien discret. Jamais il n'eut l'amabilité d'attendre la fin du mois d'Août et mon passage avant de s'éteindre jusqu'à l'année suivante. Non, c'est une plante qui aime à voir deux saisons: le printemps et l'été. Comprenez, elle fleurit à partir de mai et se fane en juillet.

Alors, en admettant que j'eusse été au bon endroit, je n'y étais jamais au bon moment !


Pourquoi tant de détails sur ce Sabot de vénus alors? Et bien oui, notre orchidée a trouvée son bonheur sur le bord d'une route bugiste.

Hélas, si je vous disait plus haut qu'il peut fleurir en mai, ceux-là ont bien l'intention d'attendre encore quelques semaines...


Quelle déception pour moi de ne pas enfin voir la fleur de l'orchidée qui a hantée mon enfance ! Enfin, avec un peu de chance dans quelques semaines la consécration sera au rendez-vous.


Lorsqu'une orchidée n'est pas là, trouvez-en donc une autre ! Et dans le Bugey, il y a du monde au balcon.

Discrète mais néanmoins bien présente, la Listère ovale est comme notre Sabot, elle se fait toujours attendre en altitude (oui car celles que j'ai pu voir en plaine cette année ont déjà bien fleuries). C'est assez curieux de voir une orchidée dont la fleur est verte...


Autre curiosité, cette fois-ci fleurie, une Orchidée sans chlorophylle ! Cette plante-ci est une fois de plus à ranger dans la catégorie des "timides / difficiles". En effet, elle peut rester plusieurs années sans se manifester et apparaître un jour au milieu de nulle part. D'une coloration violette peu banale, il s'agit de la Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum).


Lorsque l'on parle d'orchidées, pour les personnes aux connaissances limitées (sans être inexistantes), il revient souvent deux noms: Orchis et Ophrys.

Intéressons nous un peu aux Ophrys du Bugey croisés ce jour.


Rien de très passionnant pour un amateur d'orchidées qui reconnaître ici deux espèces très communes mais néanmoins toujours aussi sublimes, l'Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora) et l'Ophrys mouche (Ophrys insectifera). Elles furent par ailleurs les premières orchidées de ma journée, en compagnie de l'omniprésente Orchis singe (Orchis simia). Vous voyez, transition sur le genre Orchis, c'est pas beau ça?

Dans les prairies d'alpages je me souviens avoir croisé un jour une plante aux fleurs très spéciales. Un petit bout d'orchis tout blanc tachetée de petits points rougeâtres. Cette année à nouveau je me retrouve face à cette orchidée miniature que l'on nomme Orchis brûlée (Neotinea ustulata). Un régal pour les yeux et je dois le dire, probablement l'une de mes favorites.

Nous avons eu un Sabot, des Ophrys et des Orchis et même une Limodore alors passons désormais à quelque chose d'autrement plus compliqué, au moins dans le nom !

Deux orchidées à fleurs blanches qui sont, mine de rien, pas si faciles à trouver.

La première nous tend les bras et répond au doux nom de Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia). La seconde est bien plus réservée et reste enfermée dans son cocon, on la nomme Céphalanthère à longues feuilles (Cephalanthera longifolia). Généralement il s'agit de deux espèces que j'arrive à observer chaque année au gré de mes errances sauvages, mais je compte probablement le nombre d'observations annuelles sur les doigts de mes mains.

Je ne vais pas vous lister toutes les orchidées de la région sinon on y passerait un temps fou ! Cependant, j'ai bien envie de rester sur la thématique des plantes encore un peu pour vous partager une anecdote bien sympathique.


Plus jeune, je venais en famille dans le Bugey au mois de mai pour cueillir les Narcisses des poètes (Narcissus poeticus) qui recouvrent parfois des champs entiers, si bien que vous avez l'impressions de vous balader dans une mer blanche.

Nous étions venu cueillir et manger le long d'une rivière fort agréable, surtout lorsque vous êtes un enfant sous la chaleur accablante du mois de mai, l'Albarine !

Je ne me souviens pas trop ce que je faisais, probablement en train de faire l'idiot autour de l'eau avec mon cousin, mais je me souviens bien de cette petite créature que nous avions trouvé. Un petit crapaud qui, dans mes vagues souvenirs, avait le ventre jaune.

Avec l'expérience et la connaissance qui est la mienne aujourd'hui, un tel souvenir, aussi vague soit-il, évoque bien entendu le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), un amphibiens rare, menacé et protégé !

Il me fallait un jour, remettre à nouveau les pieds le long de cette rivière pour vérifier la confiance, toute relative, que je peux accorder à ma mémoire sur un souvenir aussi lointain.

Et bien c'est chose faite ! Grâce à ma tante qui a su m'indiquer à merveille le lieu exact de cette cueillette, j'ai renoué avec mes souvenirs et mené mon enquête


Il m'aura fallu moins de 4 secondes après l'ouverture de la portière de ma voiture avant d'entendre la chant mélodieux de mon accusé, le Sonneur à ventre jaune ! En trouver un était plus ardu mais loin d'être impossible et après de longues minutes de recherche, je trouve enfin mon Graal ! Connu pour investir les ornière forestières, parfois de simples trous d'eau creusés par les roues des véhicules de passage, le Sonneur a su trouver son bonheur au bord d'une belle rivière aux eaux limpides Loin, très loin du cliché de la flaque boueuse que l'on lui accorde souvent.


Petite précision pour les romantiques, le Sonneur a ventre jaune charme ses dames à l'aide de son chant, c'est vrai, mais il affiche clairement son amour au plus profond de ses yeux !


En attendant la floraison des Sabots de vénus, je vous invite à profiter des orchidées sauvages souvent bien ignorées. Et qui sait, peut-être avez-vous vous aussi quelque part, au fond des vos souvenirs d'enfants, un trésor caché !

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